Les étoiles filent le destin
Allongé sur l'herbe brune de l'été, le corps en repos, je contemple les étoiles. Leur beauté parfaite, parmi l'infinité de l'univers, me laisse sans voix. Les observant, je me perds dans l'espoir d'entendre une douce et virginale mélopée, que seul viendrait troubler le lent et paisible écoulement de l'infinité céleste. Dans ce ballet de lumières, un éclair vient parfois déchirer l'atmosphère, une étincelle traversant mon regard. Cette étoile file, sans que quoi que ce soit ne puisse interrompre sa course effrénée.
Je ferme les yeux, désireux de garder cette image gravée dans mon esprit, mais une seconde vient s'y superposer. Toute résistance annihilée, je l'accueille avec émotion. Elle m'arrache une larme, puis une seconde, jusqu'à ce que, éternellement condamné à ce châtiment, je sombre, sanglotant et bercé par cette lumière divine, parfaite et si belle que je ne peux la conserver en moi sans l'abîmer. J'aimerais la sublimer, l'orner de mots à faire rougir, mais je perçois ce moment comme la limite de cette puissance que je croyais supérieure : celle des mots.
Il est des occasions où toutes les métaphores du monde, toutes les allégories de la littérature, ne suffisent plus à exprimer ce qu'un simple regard pourrait signifier. Les étoiles filantes sont les plus belles, les plus rares, et surtout celles qui disparaissent les premières, déposant, au milieu de l'émerveillement, les éclats d'une tristesse immuable.